Géomatique ? Besoin d’une définition !

Et avant de vouloir donner une définition, il y a un deuxième défi à relever : écrire ce mot correctement ! Géomatien·ne, géométicien·ne, géomatacien·ne, etc. et ce n’est que ceux que j’ai pu croiser… Donc avant d’aller plus loin, mettons nous d’accord : c’est géomatique et géomaticien / géomaticienne.

Maintenant, voyons ce que ce terme signifie.

Mais qu’est-ce ça veut dire « géomatique » ?

Mes professeurs à l’université avaient conseillé aux étudiants de préparer une petite tirade explicative pour répondre à cette question, LA question à laquelle tout géomaticien va devoir faire face à de multiples reprises : « Qu’est-ce donc que cet engin..?! C’est quoi la géomatique ? »

Un jour, mi-fatiguée mi-taquine, j’ai préféré répondre cette question, par une autre question : « A ton avis, c’est quoi ? A quoi ça te fait penser ? ». Je m’attendais à pouvoir me taper des barres de rire 5 ans après, mais la réponse a été brillante : « Je pense que ça a à voir avec la géographie vu qu’il y a « géo »… et aussi les mathématiques… »

(quasi)Bingo ! Le terme « géomatique » vient bien de l’association de deux mots : de géographie et… [*roulement de tambours*] …d’informatique !

géographie + informatique

= géomatique

La légende raconte que ce mot a été inventé au Québec dans les années 80. Ou bien vers la fin des années 1960 par un scientifique français nommé Bernard Dubuisson. N’ayant pas encore trouvé l’acte de naissance de ce néologisme, ce fait restera pour moi de l’ordre de la légende…

Nous savons donc d’où sort ce mot, qui est maintenant pour vous – je l’espère – un peu moins obscur. Mais je ne vous ai toujours pas donné de définition.. alors, qu’est-ce qui se cache derrière ce terme ?

Bon alors, c’est quoi la définition de géomatique ?

Voici maintenant la définition que l’on peut retrouver dans tous les articles et documents qui présentent la géomatique :

« [il s’agit de] la discipline ayant pour objet la gestion des données à référence spatiale et qui fait appel aux sciences et technologies reliées à leur acquisition, leur stockage, leur traitement et leur diffusion. » (Marcel Bergeron, 1992, Vocabulaire de la Géomatique) 

Si cette définition a le mérite d’être synthétique, on ne peut pas dire qu’elle s’épanche en exemples ou explications… Détaillons-la ensemble afin de cerner cette merveilleuse discipline !

Données à référence spatiale

Référence spatiale ? Vous avez dit « spatiale » ? Donc Galilée, Newton, Copernic, Kepler et compagnie : tous géomaticiens ?!

Ah oui, vu comme ça, ça fait rêver ! Si ces fameuses « données à référence spatiale » concernaient les étoiles, les systèmes planétaires, les astéroïdes, les trous noirs, les galaxies… ça rajouterait pas mal de points à mon capital séduction ! Cependant, ce dont parle notre ami Marcel quand il évoque les « données à référence spatiale », ce ne sont pas des données se référant aux corps astronomiques.

Les « données à référence spatiale », ce sont des données qui sont géoréférencées, c’est-à-dire qui ont un emplacement spatial… sur la Terre. Ce sont toutes les données qui sont localisables de façon géographique, c’est-à-dire que l’on peut localiser géographiquement : dont on peut trouver l’emplacement sur la Terre.

Il s’agit donc des données dont on peut repérer la localisation sur une carte géographique (toujours pratique pour trouver les trésors !) ou sur un globe terrestre. On peut aussi parler de données repérées dans l’espace : espace géographique (sur la Terre) et non pas dans l’espace intersidéral !

On parle bien d’une part de « données » et d’autre part de « référence spatiale ». Il s’agit donc 1) de données, 2) qui sont localisables sur Terre.

Il ne s’agit donc pas seulement de votre adresse postale (qui pourtant est bien repérable sur une carte), ou du contour de la commune dans laquelle vous vivez (qui permet aussi de localiser géographiquement votre commune…) : ça, c’est la référence spatiale. Il s’agit également des données associées à cette localisation, par exemple : votre nom associé à votre adresse, la taille de votre logement, le nombre de personnes y vivant, la date des derniers travaux de restauration et la nature ces travaux, etc. ; ou bien des données sur la démographie de votre commune, son PIB, le montant des impôts, etc.

Une donnée à référence spatiale est donc une donnée géolocalisée : c’est de l’information à laquelle on associe une localisation géographique. On parle également d’information géographique.

Sciences et technologies reliées à leur acquisition, leur stockage, leur traitement et leur diffusion

La deuxième partie de la définition ajoute des champs scientifiques et technologiques à la géomatique. On nous parle des sciences et des technologies reliées à l’acquisition, au stockage, au traitement et à la diffusion de ces données géolocalisées. Rien que ça…

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Si l’on faisait l’inventaire de toutes ces « sciences et technologies », on aurait alors tout une panoplie d’outils électroniques et surtout un nombre astronomique d’outils informatiques. D’ailleurs, tous ces outils n’ont pas forcément été créés spécialement pour être utilisés dans le domaine de la géomatique, mais beaucoup se sont révélés utiles pour cette discipline.

Mais diantre, de quels outils suis-je en train de vous parlez ? vous demanderez-vous… Et bien, de tous les outils destinés aux professionnels ou au grand public – et que vous connaissez peut-être – qui permettent d’exploiter cette géolocalisation des données.

En reprenant la liste de la définition :

  • Acquisition de données géolocalisées : 

Si je vous dis GPS ? systèmes de navigation embarqués dans votre téléphone ? sur un bateau ?

Tout un tas d’outils permettent d’obtenir des données géolocalisées sous forme de point par exemple (un point GPS !). On peut également parler de l’imagerie satellitaire, qui permet d’obtenir des données géolocalisées sous forme de photographies de la surface de la planète. Citons également l’acquisition de données par des relevés topographiques (les gus en orange au bord des routes avec des grands trépieds jaunes et un théodolite dessus). Ou encore la bathymétrie, pour le relief du fond des océans…

  • Stockage de données géolocalisées :

 Il s’agit de tous les outils qui permettent de stocker des données.

D’abord, il y a des fichiers numériques qui permettent de stocker des données géographiques, même si leur première finalité n’était pas « géomatique ». Exemple d’un tableur : dans un tableur, on peut stocker des données sous forme de ligne (1 ligne = 1 donnée) et leurs informations sous forme de colonne (1 donnée a autant de colonnes que d’informations, 1 colonne = 1 information). Pour la composante « localisation », on peut très bien ajouter une colonne X et une colonne Y afin d’avoir les coordonnées GPS associées à une ligne dans le tableur…

Ensuite, d’autres formats de fichiers permettent spécifiquement de stocker des données géolocalisées : Shapefile, GeoJSON… pour ne pas finir de vous endormir, je ne les citerai pas tous ici !

Et, le meilleur pour la fin, il y a bien évidemment les bases de données, qui sont elles même gérées (et gérables) par ce qu’on appelle un SGBD pour Système de Gestion de Bases de Données, par exemple PostgreSQL et son extension spatiale (géographique !) PostGIS. Les bases de données sont des outils informatiques extrêmement performants pour gérer des données, s’assurer de leur structure, de leur pérennité, etc. Vaste sujet qui fera l’objet d’un autre article sur ce site !

  • Traitement de données géolocalisées :

 On parle ici des outils permettant de traiter les données (ne me remerciez pas pour cette explication, c’est cadeau !).

On peut citer par exemple les logiciels d’analyse spatiale des données qui permettent d’étudier les interactions spatiales entre les données ou d’étudier les localisations des données… ; les logiciels de conception assistée par ordinateur pour créer des dessins d’aménagements urbains par exemple, ou encore pour créer des cartes… ; des outils de géomarketing qui servent à localiser des clients, à étudier les zones de chalandise… ; ou encore des fonctions de requêtes spatiales des SGBD à composante géographique, qui permettent de croiser des données géoréférencées.

  • Diffusion de données géolocalisées :

 Tous les outils permettant de diffuser des données à référence spatiale !

Parmi les plus célèbres, citons Google Earth ou encore le Géoportail de l’IGN. Une foultitude d’autres sites web permettent aussi d’avoir accès à des cartes interactives, des informations géographiques, etc. Par exemple, votre boutique préférée a très certainement, quelque part sur son site web, une carte avec la localisation de tous ses points de vente.

La diffusion des données géographiques n’est pas forcément cantonnée au web sous la forme de cartes interactives (domaine aussi nommé« webmapping »), mais se fait également sous format papier, comme des cartes routières, cartes de randonnées, cartes des lignes de trains… cartes que l’on peut concevoir à la main (là, je vous avoue qu’il faut mieux faire partie de la descendance de Michelangelo, et non, pas la tortue ninja…) ou bien avec des logiciels de cartographie (QGIS par exemple), donc assisté par ordinateur.  

La géomatique en bref

On vient de le voir, la géomatique est fortement liée à l’informatique. La géomatique, c’est en fait le domaine de l’informatique qui regroupe toutes les méthodes et technologies liées à l’étude des données géographiques, de leur collecte jusqu’à leur diffusion.

De façon plus globale, cette discipline s’appuie sur l’utilisation de ce qu’on appelle un SIG – un Système d’Information Géographique – qui est, schématiquement, un système conçu pour acquérir, stocker, traiter et diffuser de l’information géographique.

A la lumière de ces explications, nous pouvons donc dire que la géomatique, c’est le domaine informatique ayant pour objet la gestion, de façon numérique, de l’information géographique. Mais pourquoi faire..? Mystère élucidé au prochain paragraphe !

A quoi sert la géomatique ?

Le mot « géomatique » vient de la contraction du terme « géographie » et du terme « informatique ». On peut donc penser que cette discipline va nous permettre de tirer le meilleur parti de chacun d’eux. Logique ! Oui, mais pas seulement.

La pluridisciplinarité de la géomatique

On ne peut en effet pas restreindre la géomatique à une « discipline informatique appliquée à la géographie », ou encore à une discipline « analyse des données spatiales numériques à la lumière des sciences géographiques ».

Non. La géomatique est bien à la croisée des chemins, entre informatique et géographie, mais elle n’est pas seulement appliquée à la géographie : elle est appliquée à de Très. Nombreux. Domaines :

  • Protection civile (prévention des risques…) ;
  • Gestion des ressources naturelles (sylviculture, agriculture, hydrologie, prospection minière) ;
  • Aménagement du territoire (planification urbaine, cadastre, télécoms, voirie…) ;
  • Tourisme (itinéraires, gestion des infrastructures touristiques…) ;
  • Transport (optimisation des itinéraires, planification des transports…) ;
  • Marketing (étude de marché et analyse de la concurrence pour un secteur géographique donné…) ;
  • Biologie (étude des déplacements d’espèces, étude de répartition…) ;
  • Archéologie (protocoles de fouilles, études des interactions entre société et environnement…) ;

La géomatique pour analyser

La géomatique apporte des éléments de réponse, ou au moins de réflexion, à tous les domaines ayant besoin d’analyse spatiale. La gestion et l’analyse des données à référence spatiale se révèle être un véritable outil d’aide à la décision, et permet de répondre à un grand nombre de questions, par exemple :

  • Quel est le meilleur emplacement pour un poste de surveillance incendie ?
  • Quelles sont les zones de ma commune étant potentiellement inondables ?
  • Comment a évolué l’urbanisation de mon département durant le siècle dernier ?
  • Quelles sont les zones de telle réserve naturelle qui sont les plus fréquentées ?
  • Comment évolue la déforestation en Guyane ?
  • Que se passerait-il si on construisait une autoroute à tel endroit ?
  • Quelles sont les zones de mon territoire avec un fort enjeu relatif à l’eau ?
  • Couper telle forêt augmenterait-il le risque d’avalanches ?
  • …​

La finalité de la géomatique est de représenter de façon spatiale, compréhensible et accessible, des informations issues d’analyses à partir de données récoltées sur le terrain, et cela dans le but d’identifier et localiser des enjeux, démontrer des résultats ou représenter des informations géolocalisées.

Les outils de communications alors créés (cartographies thématiques ou de synthèse, documents graphiques et statistiques…) servent d’appui aux différentes actions sur un territoire, à la connaissance scientifique, à l’aide à la décision en amont d’un projet, etc.

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Et à quoi sert un géomaticien ?  

Et le terme « géomaticien » / « géomaticienne » désigne une personne maîtrisant la géomatique, en d’autres termes : une personne spécialiste des SIG (Systèmes d’Information Géographique). Les métiers peuvent être centrés sur différents domaines d’activités, comme le développement web, l’administration de bases de données spatiales, la recherche, la cartographie, la formation, le conseil… dans le secteur privé comme dans le secteur public, dans des structures spécialisées en géomatique, ou bien utilisatrices de la géomatique et des données géolocalisées.

Les géomaticiens peuvent intervenir aux différents niveaux de la vie d’une information géographique. Ils maîtrisent alors une chaîne qui fait appel à des compétences provenant de plusieurs métiers : acquisition de données, stockage de données, conduite de projet, analyses spatiales et statistiques…

Comme on l’a vu dans le paragraphe précédent, la géomatique a des applications dans de très nombreux secteurs. De ce fait, les géomaticiens ont souvent des compétences transversales, voire une double compétence, dans d’autres disciplines. Par exemple, pour mon cas c’est une double compétence « géomatique » et « biologie-écologie » !

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Parlez-moi de vous ! Vous êtes géomaticien et vous aussi avez une spécialité en plus de la géomatique ? Vous avez votre pitch de présentation pour répondre à LA fameuse question 😉 ? Vous travaillez avec des géomaticiens et avez du mal à cerner cette discipline (et votre/vos collègue(s)) ?

Je serai ravie d’échanger avec vous en commentaires !

P.S. : si quelqu’un a une référence biblio sur la création du mot « géomatique » (au Québec dans les années 80 ?!), n’hésitez pas à la partager !

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